Je suis rentrée des Pays-Bas cette semaine après avoir été invitée à y discuter de l’éducation inclusive. Les conseils scolaires que j’ai rencontrés étaient intéressés à travailler à des modèles d’éducation plus inclusifs. Beaucoup d’élèves reçoivent leur éducation dans une école « normale », mais il arrive un moment où ils décident qu’ils ne peuvent plus éduquer l’enfant et qu’il doit aller dans une classe ou une école spéciale. J’ai visité quelques écoles mardi et mercredi dans le cadre de la conférence d’accueil de leurs 400 enseignants. Le discours d’ouverture a été prononcé en néerlandais par Ruud Veltenaar, observateur de tendances. Malheureusement, je ne parle pas néerlandais, mais son site web fournit les idées clés et peut être traduit en anglais.  Malgré la barrière de la langue, j’ai senti son engagement et son énergie, notamment dans le nom de son site web : « Stop Stealing Dreams ». Sa façon de voir les changements dans l’éducation est que nous ne pouvons plus enseigner comme auparavant. Nous devons passer à la pratique de l’apprentissage individualisé. Pour que les élèves aient le désir d’apprendre, nous devons continuer à libérer leur(s) passion(s). Si je repense à mes visites dans les écoles, je me rends compte que cela se produit à certains endroits, mais pas partout. C’est très semblable à ce qui se passe en Ontario.  

J’ai visité une école avec une classe pour élèves doués. J’ai écouté l’enseignante parler de l’importance pour ses enfants d’être dans cette classe parce qu’ils apprenaient rapidement et s’ennuyaient dans le programme « normal ». Les élèves consacrent 20 % de leur temps au programme d’études officiel, et les 80 % restants à ce qu’ils veulent apprendre. Mais je me suis demandé pendant que j’étais dans la classe : « Les maths continuent de s’enseigner; elle ne fait qu’étirer les questions. Les sciences continuent de s’enseigner, comme l’histoire et la géographie ». Les différents volets du programme d’études étaient donc toujours abordés; la différence, c’est que les élèves étaient engagés. Cette enseignante perspicace avait 18 élèves qui travaillaient tous sur des choses différentes à des niveaux différents, avec enthousiasme et concentration. Cette enseignante avait simplement la possibilité de faire travailler ses élèves dans des domaines qui avaient de l’importance pour eux. 

Que se passerait-il si tous nos élèves avaient l’occasion de participer à un apprentissage significatif?

Peut-être que certains problèmes de comportement disparaîtraient. Vous pourriez avoir tendance à vous dire : « Hé bien, c’est parce que les élèves sont doués ». Mais j’ai aussi visité une autre école où les élèves travaillaient en trois groupes correspondant à nos cycles primaire (1re à 3e années), moyen (4e à 6e années) et intermédiaire (7e et 8e années). Il y avait un espace merveilleux qui rappelait le concept des salles de classe ouvertes ou de groupe des années 1970, mais avec une très grande différence. Au lieu d’un enseignant, il y en avait deux ou trois. L’un d’eux était toujours impliqué dans l’enseignement avec un groupe d’élèves qui se trouvaient dans un endroit clos, avec une porte et des fenêtres, pour qu’ils puissent se concentrer sur l’enseignement. Le directeur m’a dit que, de cette façon, ils peuvent travailler avec les enfants à leur niveau et faire une différenciation, car ils n’ont pas tous à avoir le même âge pendant la période d’instruction; ils font partie du groupe et apprennent ce qu’ils ont besoin d’apprendre. À l’extérieur de cette salle de classe se trouvaient de vastes espaces avec des tables, des chaises, des aires de conversation, des aires ouvertes et une porte ouverte sur le terrain de jeu pour tout apprentissage ou travail qui devait être fait hors du cadre d’enseignement. Les autres enseignants passaient d’une aire à l’autre pour voir comment les élèves se débrouillaient. Les élèves étaient tous engagés dans le processus. Le directeur m’a dit que l’idée est que les enfants se concentrent sur ce qu’ils vont apprendre et deviennent plus autonomes dans leurs propres compétences. S’ils ressentent le besoin d’aller dehors et de courir, ils le font. Cela fait partie de l’apprentissage global de l’enfant et de la capacité de s’autoréguler. J’ai vu beaucoup d’apprenants engagés. 

Quand j’ai parlé aux enseignants et que j’ai répondu à leurs questions, il est devenu clair que, tout comme les enfants sont les mêmes partout dans le monde, les enseignants le sont aussi. Leurs questions et préoccupations concernant les obstacles à l’inclusion étaient les mêmes qu’au Canada. Leur intérêt pour les enfants et le désir de bien faire les choses pour eux était très évident. J’ai transmis le même message à tous les enseignants : notre état d’esprit doit changer. Nous devons croire que tous les enfants ont leur place et que nous pouvons vraiment leur apprendre. En ce qui concerne l’équité, nous devons penser différemment dans chaque pays de notre communauté mondiale. Lorsque les élèves handicapés sont éduqués dans des classes inclusives, ils sont plus susceptibles de poursuivre leurs études, de décrocher un emploi et de devenir des membres appréciés de leur communauté. Nous devons cesser de leur refuser une vie meilleure.  

Pour reprendre les mots de Ruud : « Si ça doit être fait, c’est à moi de le faire ». Soyez le changement qui compte dans la vie de nos enfants.

Écrit par Jacqueline Specht.

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